TESTAMENT : LE JUGE PEUT SE LIVRER A L’INTERPRETATION DU TESTAMENT

Interprétation du testament par le juge

TESTAMENT : LE JUGE PEUT SE LIVRER A L’INTERPRETATION DU TESTAMENT

Interprétation du testament par le juge

Exposé des faits :

Suzanne L. veuve F., née le 22 mars 1922, est décédée à Gasville Oisème le 27 août 2015. Elle a laissé pour lui succéder ses trois filles Chantal R., Michèle B. et Marie-Claude J..

Elle avait, le 10 septembre 2007, établi un testament au profit de ses cinq petits-enfants :

  • – Isabelle A.,
  • – Laurent J., décédé le 22 mai 2016, aux droits duquel vient son fils mineur Matthys J.,
  • – Christelle H.,
  • – Pierre-Yves R.
  • – et Anne-Lise R.,
  • – portant sur un pré, à hauteur d’1/5e chacun en ces termes :  » Je, soussignée Mme F. Suzanne née L. le 22 mars 1922, demeurant à […], lègue mon pré situé à Nogent-le-Phaye, à côté de ma maison à mes 5 petits-enfants par parts égales « .

Procédure (Interprétation du testament par le juge) :

Pour interpréter un testament, le juge doit donc rechercher la volonté du testateur à la lumière des :

Comme écrit plus haut, par testament de 2007, Mme F. a légué  » [son] pré à côté de [sa] maison à ses petits-enfants par parts égales « , employant ainsi des termes testamentaires imprécis.

Sur le plan cadastral, les parcelles A et B sont situées à proximité immédiate de la maison de Mme F.

Celle-ci est située sur la parcelle Z avec un jardin en parcelle Y. ; alors que la parcelle C est située un peu plus loin et se trouve enclavée.

Ainsi, certains cohéritiers établissent ainsi que les parcelles A et B :

  • – étaient considérés par la testatrice comme  » un pré  » lors de la rédaction du testament,
  • – et que cette interprétation a prévalu au moment de son décès.

Il est en effet démontré, au vu de différents éléments extrinsèques (procès-verbaux de constat) que le testament s’interprète comme portant sur les parcelles A et B. 

Dans la déclaration de succession, quatre parcelles (dont la parcelle C) sont ainsi estimées à 2.400 EUR, ce qui :

  • – ramène la valeur de la parcelle C à 800 EUR, soit une part de 160 euros seulement pour chaque petit-enfant,
  • – ce qui est dérisoire et ne correspond ainsi pas à l’intention de la disposante.

Dès lors, le pré visé dans le testament était donc constitué des parcelles cadastrées A et B.

Cour d’appel de Versailles, 1re chambre, 1re section, 25 Janvier 2022 , RG n° 20/03824